TV : À part le PSG et Monaco, Mediapro peut tuer tout le monde
Alors que le conflit entre Mediapro et la Ligue de Football Professionnel continue de se dérouler en coulisses, les clubs français sont toujours dans l’expectative.
Depuis le début du mois d’octobre, Mediapro s’est mis tout le football français à dos. Il faut dire que le groupe sino-espagnol n’a pas réussi son entrée en matière. Puisqu’après avoir acheté les Droits TV de la Ligue 1 et de la Ligue 2 pour une somme historique de plus de 800 millions d’euros par saison, la maison mère de la chaîne Téléfoot a déjà fait faux bond. Vu que Mediapro a refusé de payer son dernier versement et a gelé la prochaine traite de décembre, sur fond de procédure de conciliation avec la LFP. Un clash qui inquiète Denis Balbir.
« Personne n’est à l’abri d’une grosse claque »
« Ce qui m’a inquiété dès le départ c’est le fait d’avoir donné les clés à un diffuseur qui ne donnait pas toutes les garanties. Mediapro était déjà sur la sellette dans d’autres pays, avec d’autres histoires. Le diffuseur avait un passif. Les dirigeants de l’époque à la LFP le savaient et ils ont détourné le regard. Aujourd’hui, c’est difficile pour presque tous les clubs. Vu la crise sanitaire, l’absence de public, les lacunes dans tous les compartiments du football, le Mercato décevant dans le sens des cessions de joueurs, le fait que les droits TV coincent aussi rajoute un point non négligeable. Il ne faut pas se le cacher : des clubs sont en danger. On ne se rend pas compte réellement ce que l’affaire LFP – Mediapro peut avoir sur des clubs historiques. Si la situation perdure au niveau des prochaines échéances, cela peut devenir terrible… Vincent Labrune pare au plus pressé en sollicitant sur un nouveau prêt. Le deuxième en l’espace de quelques mois. Ces prêts, il faudra les rembourser avec les droits TV à venir… A terme, cela va fragiliser tous les clubs. Même les plus solides avec des actionnaires forts. Ceux qui ont un matelas pourront toujours amortir la chute mais quid des autres ? Pour moi, l’erreur initiale est d’avoir vendu des droits aussi chers. Pourquoi on n’a pas cherché à jouer la sécurité ? Avec Canal+ et beIN Sports, on avait deux diffuseurs. L’un historique avec les reins solides, l’autre qui avait fait ses preuves. On aurait pu s’asseoir sur quelques millions pour vivre plus sereinement par la suite. À mon sens, cette gigantesque erreur vient d’une guerre entre la Ligue et Canal+ qui date de 2018. Les tensions étaient de plus en plus vives. Certains étaient sans doute heureux de voir Canal détrônée. On voit ce que ça donne aujourd’hui. Quand on a la chance d’avoir un diffuseur depuis 1984, avec tous les paramètres de sécurité financier et rédactionnel démontré depuis tant d’années, on aurait quand même pu se poser plus de questions. De laisser tout ou quasiment tous les gros matches à un diffuseur qui n’avait rien prouvé, c’était dangereux. Des clubs vont sans doute payer pour cette prise de risques. Aujourd’hui, à l’exception du PSG et de Monaco, personne n’est à l’abri d’une grosse claque. Tout le monde a des gros salaires à payer. Des clubs comme Saint-Etienne, Lille, Bordeaux, Nantes, à un degré moindre Lyon , peuvent s’inquiéter… », a détaillé le consultant de But, qui espère que la LFP va vite trouver une solution, avec un nouvel appel d’offres ou autre, car le foot français va droit dans le mur.